• Cela fait déjà un moment que j'aimerais parler plus en détail de la façon dont un enfant accueille ses émotions et les transmet avec son corps car je lis beaucoup de témoignages sur fb de mamans un peu perdues faces aux réactions de leurs enfants et au regard des autres.

     J'ai la chance de pouvoir exercer un métier que j'adore à mon domicile tout en pouvant pratiquer l'ief avec mon fils sans avoir à choisir entre les deux. Cela nécessite beaucoup d'organisation, d'observation, un certain recul également et une prise en compte de chaque individu dans notre foyer en tant qu'être à part entière avec sa propre histoire, ses besoins, ses désirs, ses attentes et surtout sa place spécifique au coeur du foyer.

    Depuis que Loulou est né, il est immergé dans ce mode familial un peu différent qu'il retrouve également chez mes beaux-parents puisque ma belle-mère exerce elle aussi le même métier. Mon fils est né dans une famille qui accueille d'autres enfants qui eux pour diverses raisons ne peuvent ou ne veulent plus vivre dans leur propre foyer. Ces enfants arrivent avec une histoire qui leur est très personnelle et ont besoin d'un accompagnement bienveillant pour continuer de vivre en toute sécurité physique et intérieure. Ces enfants suivent donc le rythme de notre famille, nos habitudes, nos découvertes et viennent agrémenter celle-ci aussi avec leurs passions, leurs envies et parfois aussi leurs chagrins, leurs peurs, leurs angoisses.... Chacun apprend d'une manière ou d'une autre à se faire confiance, à se consoler et à continuer de vivre avec les joies et aussi les peines.

    J'ai exercé ce métier avant que mon fils ne naisse, la relation de l'adulte bienveillant envers l'enfant est essentielle pour accompagner celui-ci, même si l'on essaye de communiquer de différentes manières car parfois les mots ne suffisent pas, nous pouvons partager sa peine, ses angoisses ect mais nous ne pouvons pas toujours les ressentir aussi intensément qu'un enfant. Une chose banale pour nous peut en fait être un torrent d'émotions chez l'enfant sans forcément que l'on s'en rende compte.

    L'enfant lui, est une vraie éponge, il ressent des choses que nous ne percevons pas toujours en tant qu'adultes... 

    Les enfants communiquent entre eux sans forcément avoir besoin de parler...

    Il arrive parfois que la rencontre avec certains enfants soit un torrent d'émotions intérieures qui va par la suite se "matérialiser" par l'enfant de plusieurs façons sans forcément que ce soit sur l'instant. Que ce soit de l'agitation inhabituelle, une grosse colère "pour un rien" ect l'enfant fini par cumuler un stress qu'il va devoir à un moment donné extérioriser avant de pouvoir revenir à la normale et reprendre son petit quotidien.

    Nous sommes partis dix jours en vacances en famille, j'ai pu remarquer que l'inconnu et la nouveauté étaient sources d'angoisse pour l'enfant que j'accueille, mon fils l'a de suite remarqué également et malgré le fait que celui-ci ait deux fois son âge il lui a donné la main à plusieurs moments alors qu'il ne le fait jamais habituellement lors de nos sorties.

    Le LAND-ART est un moyen d'expression que nous découvrons en ce moment. Mon fils s'est fait lui même un petit LAND-ART au retour d'une visite sur la préhistoire où il avait ramassé des petites trouvailles et demandé à compléter sa collection d'objets spéciaux.

     

    Le langage des émotions entres enfants

     

    Une fois terminé, il est venu me demander de faire une photo pour le garder en souvenir et le revoir si besoin. Pour lui le LAND-ART est bien éphémère, il s'exprime à un moment donné et en garde le souvenir généralement avec une photo que je prends et qu'il sait pouvoir me redemander si besoin.  On peut voir que la base de son LAND-ART est plus importante que le reste qui tend à s'ouvrir en diverses possibilités, elle est aussi réalisée avec un caillou solide comme si celui-ci était enraciné, ancré. On ressent une certaine stabilité intérieure, il semble savoir où il va, ce qu'il veut comme un triangle dont la pointe donnerait la direction à suivre avec une base solide et se laisse également la possibilité de s'ouvrir au monde extérieur (feuille de lierre, plusieurs directions possibles, possibilité de choix...) Le tout semble former un bonhomme ce qui pourtant selon Loulou n'en n'est pas un (" tu vois bien qu'il n'y a pas de bras ni de jambes maman! ") ... Les spirales donnent l'impression d'une vision d'un monde extérieur ( pierre de quartz violette aux mille éclats, aux milles possibilités, aux milles curiosités.... un monde tellement vaste (spirale) qu'il faut forcément choisir et découvrir ces possibilités au fur et à mesure (feuille de lierre éphémère, fragile) pour n'en garder que quelques possibilités (feuille dentelée...). 

    Bien évidemment cette interprétation n'est absolument pas une analyse psychologique mais juste une interprétation artistique de ce que j'ai ressenti en l'observant attentivement et de par ce que mon fils a bien voulu exprimer avec ses mots, il reste bien évidemment le seul à véritablement savoir ce qu'il a eu envie de partager.

    Le LAND-ART est pour moi un des CENT LANGAGES de la pédagogie Reggiane qui permet à l'enfant d'exprimer ses ressentis. Il est aussi un moment de partage d'une partie de soi, une façon de communiquer autrement des choses que l'on ne sait pas, ne peut pas pou ne veut pas dire avec des mots...

    De retour à la maison chacun a conservé ses petits trésors. Pour mon Loulou ils sont encore quelque part et n'ont pas trouvé leur place, il sait qu'ils ont été mis dans les bagages et n'a pas besoin de vérifier et lorsqu'il les voudra il me demandera où je les ai rangé tout simplement.

    Pour l'enfant accueilli, ils ont trouvé de suite une place bien précise, protégés dans une boite en carton. Tous d'abord déposés précieusement les uns à côtés des autres ils sont désormais "investis" et "pensés" au retour des vacances alors que pendant celles-ci ils n'ont été qu'observés de près et conservés avec précaution.

    Il a réalisé son LAND-ART à la maison sans que je m'en aperçoive, juste par envie et sans attente de ma part: sous forme d'un cercle concentrique rassemblant deux couches de coquillages avec un énorme coquillage au centre (une coque). Est-ce par envie personnelle? Après observation de celui de mon fils pendant les vacances? Par sentiment de sécurité au retour à la maison lieu de sécurité intérieure avec ses habitudes ect... ? Je n'ai pas demandé, j'ai juste observé que les petits trésors avaient trouvé une place particulière... En regardant de plus près cela m'a évoqué une concentration d'émotions, comme si "l'artiste" montrait une envie de protection plus qu'une ouverture au monde, quelques morceaux d'ardoise n'ont pas encore trouvé leur place, ils sont à l'extérieur du cercle, peut-être n'ont-ils plus la même place qu'avant ou peut-être sont-ils nouveaux? Ce LAND-ART invite à plus de réflexion, de questionnement, il est beaucoup moins directif... Ce qui est sûr c'est que certaines choses semblent avoir plus de valeurs sentimentales, besoin d'être plus protégées, cachées bien à l'abri sous la coque centrale.... Finalement au bout de plusieurs jours le LAND-ART prend forme, il évolue, les idées se précisent... les émotions transpercent.... Sous le gros coquillage central se trouve le trésor précieux (une pierre de quartz violette comme celle de celui de mon mon fils), un trésors fragile à protéger, au coeur de toute l'attention.... Quelques jours plus tard les morceaux d'ardoises dispersés sont venus se coller sous le cercle créant une sorte de base venant se rajouter et formant un arc comme un sourire. Voici une semaine que nous sommes rentrés, le LAND-ART a trouvé sa place, il évolue mais il reste présent.. Il va peut-être évoluer encore au fil des jours, peut-être avec de nouveaux trésors ou il va peut-être être rangé, défait et retrouvé son caractère éphémère.... J'ai choisi de ne pas mettre de photos pour respecter la vie privée de l'enfant à travers sa création qui reste personnelle mais j'avais envie de partager avec vous comment l'état émotionnel profond d'un enfant peut aussi se matérialiser autour d'un des cent langages comme le LAND-ART et que les créations peuvent avoir une durée éphémère plus longues et ne pas être seulement à caractère artistique mais être un moyen d'exprimer ses ressentis autrement que par la parole dont on ne sait pas forcément trouver les mots justes...

    Les bases, la sécurité intérieure de l'enfant, le cadre sont important ils permettent à l'enfant de dépasser le besoin de concret pour aller vers l'abstraction, sans des bases solides il est beaucoup plus difficile de passer à l'abstraction aux cours de sa vie d'enfant, d'accepter l'éphémère, de garder le souvenir en soi qui permet d'aller plus loin sans forcément qu'il soit encore matérialisé à côté de soi et qu'il puisse être vu et touché si besoin...

    La différence est là... je sais qu'une fois avoir pris la photo du LAND-ART de mon fils à sa demande, il va passer à autre chose directement soit en laissant le LAND-ART de côté et en trouvant une autre activité soit en se le réappropriant d'une autre manière...

    Le langage des émotions entres enfants

    Ici il a choisit de passer du vertical à l'horizontal montrant encore une fois une sorte de direction , de chemin, de possibilités, de choix... (toujours une interprétation personnelle et non psychologique) ... je n'ai pas besoin de garder toutes ses trésors ramassés et de rapporter 1m² du sol du parc, de la forêt ou des vacances... il a bien évidemment des objets précieux, des petits trésors qui vont trouver une place dans un petit panier pour de futures créations mais il ne va pas s'accrocher à cette création de la même manière qu'un enfant qui semble manquer de base, de sécurité intérieure ou qui se retrouve dans une situation difficile à un moment donné. C'est en tout cas ce que je remarque au quotidien avec les enfants que je côtoie dans le cadre de mon travail.

    Au retour de nos vacances mon Loulou était particulièrement zen, il a découvert plein de choses, "communié avec la nature" en chaussettes, à grimper dans les arbres et à marcher dans les cailloux, à ramasser ses petits trésors, à fabriquer une fourmilière avec un tas de terre ect... A notre retour après avoir traversé la France d'un bout à l'autre dans sa plus grande longueur sous la pluie sans possibilité de se défouler réellement pendant le trajet même pour manger le midi on s'est posé chez mes beaux-parents pour la soirée et la nuit avant de rentrer à la maison. La journée avait été longue, fatigante mais zen...

    Là bas, il a rencontré deux nouveaux arrivants avec qui il a très bien joué même s'ils n'ont pas quitté leur ds ce qui sur le moment a tout de même bien excité Loulou qui lui s'est vu poser un cadre avec une limite de temps notamment pour l'écran durant la soirée. Sans soucis, il est passé à autre chose.

    De retour le lendemain il était heureux de retrouver sa maison, il s'est dirigé direct vers le dvd d'un dessin animé qu'il regardait tout petit et qu'il n'avait pas vu depuis longtemps ce qu'il fait généralement à chaque fois qu'il ressent le besoin de retrouver ses marques (retour de longs we ou vacances au point que l'an dernier il a fait des maths Montessori à notre retour de trois semaines de vacances entre 1h et 2h du matin pendant que nous sortions les bagages de la voiture). Il est revenu en arrière sur un moment qu'il a beaucoup aimé, un sentiment de sécurité intérieure lui permettant de se retrouver mais à la différence de d'habitude, au bout de deux trois heures sa chambre a subi un véritable tsunami! 

    Loulou a relâché tout le stress qu'il avait emmagasiné depuis la veille au soir et qui s'était installé dans sa petite tête, il avait su gérer le changement de lieu de vie, la nouveauté des vacances, le long voyage, mais cela lui a demandé des efforts intenses d'adaptation et donc un stress à gérer. Le fait de se retrouver face à deux enfants inconnus dont la situation familiale récente ayant été subitement très chamboulée sans préparation, sa carapace de sécurité intérieure a laissé passer une partie des intenses émotions intérieures actuelles des deux enfants. Il a "épongé" les ressentis forts des enfants sans que cela ne paraisse. En disséminant ses jouets partout dans sa chambre il a reproduit ce qu'il a ressenti: des enfants forcément "perdus" face à une nouvelle situation imprévue, un nouveau changement de vie, une multitude de questions sans réponses.... Il a donc fait le ménage dans sa tête tout simplement en se débarrassant d'un stress trop difficile à gérer, une angoisse de la séparation... Par la suite, après ce tsunami, il s'est posé et a réalisé un dessin inspiré du dvd de Vice-Versa qu'il adore. Il a dessiné toutes les îles qui étaient dans sa tête (sur le moment)... l'île des fleurs, du ballon, des formes, de la famille, de l'océan.... le tsunami a passé son chemin...

    Le langage des émotions entres enfants

    Retour au calme, il ne reste plus qu'à ranger la chambre....

    A la différence de ces enfants mon fils a su extériorisé puis se débarrasser de son stress et revenir au calme grâce à sa stabilité affective, sa sécurité intérieure, la base de ce que nous lui donnons tous les jours et que les autres n'ont pas forcément et qu'ils trouvent dans les jeux vidéos. Comme n'importe quel enfant il peut avoir des moments d'excitation, de contestation ect car comme tous les enfants et tous les adultes il accumule du stress qu'il ne sait parfois pas gérer. S'il n'avait eu aucune réaction je me serais plus inquiétée car des enfants retirés de leur cocon familial sans manifester intérieurement des sentiments intenses c'est qu'il y a forcément un souci dans le lien parental tissé et d'un autre côté mon Loulou qui n 'exprime pas son stress en l'extériorisant (d'une manière ou d'une autre) cela voudrait dire qu'il ne se sent pas assez en sécurité dans son foyer pour s'autoriser sans peur à "exploser" et se "décharger" de ses émotions, ce qu'il ne fera pas forcément ailleurs du fait qu'il ne sera pas seul avec ses parents et qu'il n'aura pas forcément assez confiance aux autres personnes présentes et préférera cumuler son stress jusqu'à un lieu de sérénité.... Ce qui revient un peu à ce dont les parents disent souvent: "pourquoi il est comme ça avec moi alors qu'il ne le fait pas chez la nounou?". C'est une chose que j'ai bien comprise au début de mon métier. On se pose des questions, on se croit incompétente mais en fait on est LA sécurité de l'enfant qui s'AUTORISE à évacuer son STRESS, ce qui en général est très mal perçu par le regard extérieur qui se permet de vous juger sur votre mode éducatif... 

    L'importance du cadre permet aussi à l'enfant de se sentir en sécurité, de connaître les limites qui permettent de se rassurer et de comprendre le monde. C'est impressionnant de voir à quel point l'enfant d'aujourd'hui se sent perdu sans sa ds, ses jeux de console, son téléphone alors qu'il devrait l'être plus de ses parents.

    Est-ce qu'un enfant fait véritablement des caprices, des comédies, des colères? Ou est-ce qu'il exprime tout simplement à un moment donné un état de stress intense qu'il a besoin d'extérioriser mais dont il ne maîtrise pas la façon de le faire? Un enfant perdu dans sa tête peut-il réussir à l'école? Un adulte peut-il réellement comprendre ce qu'il se passe dans la tête d'un enfant? "C'est pas grave!" dit la maman en toute banalité "Si c'est grave pour moi!" aimerait bien répondre l’enfant....L'adulte rend banal des choses qui sont importantes pour l'enfant il ne le fait pas forcément intentionnellement... Plus on grandit plus on découvre que la vie n'est pas si simple, qu’elle peut être éprouvante, apporter de grandes souffrances physiques et morales, bien évidemment l'adulte relativise les petits maux de l'enfant comparés à sa journée, à sa vie, à la vie des autres, à ses enfants qui vivent dans des pays en guerre mais l'enfant lui n'est qu'un enfant, il n'a aucune idée de ce que peut être réellement l’Univers, la guerre, le terrorisme, les catastrophes naturelles... Ce n'est pas pour autant que ses émotions sont moindres et qu'il sait comment gérer un élan d'émotions qu'elles soient très joyeuses ou très tristes.

    Lorsque mon fils avait entre 12 et 18 mois il pleurait à chaque fois qu'il voyait un bébé pleurer à côté de lui... il était capable se se mettre à côté de l'enfant et d'hurler le plus fort possible jusqu'à ce que sa maman vienne voir l'enfant, j'avais beau me mettre près de lui et essayer de le consoler cela ne changeait rien, la maman une fois là il repartait direct à ses occupations... Caprice, colère, comédie? Ils commencent tous pas un c mais en fait ils n'existent pas réellement ils ne sont tous que Communication.... qu'un langage émotionnel.... Plus l'enfant aura un cadre sécurisant et bienveillant plus il se permettra de s'exprimer de diverses manières tout en prenant en compte petit à petit autrui et ses propres émotions, il arrivera ainsi à s'exprimer sans porter préjudice à autrui ni à lui-même parce qu'il a été accompagné dans ce sens, il a besoin de l'adulte pour l'accompagner dans cette démarche afin de le protéger lui-même et et protéger les autres. L'enfant ne doit pas se faire mal ou faire mal à quelqu'un d'autre même si la frustration émotionnelle ne lui permet pas de gérer seul, c'est l'importance du cadre car être bienveillant ne veut pas dire tout laisser faire.

    L'enfant bien élevé, bien éduqué n'est pas un enfant qui reste dans un coin sans bouger qui subit son environnement, rentre dans les cases que l'on a choisit pour lui et qui attend tout simplement le droit de bouger... L'enfant bien éduqué est un enfant vivant qui s'intéresse au monde, à autrui, à la façon dont le monde existe, se forme, se développe, il est curieux de la vie, curieux de communiquer avec autrui de tout âge, de toute personnalité. Il peut être agité voir turbulent suite à une grande émotions de joie, de bonheur qu'il a envie de partager, suite à une grande curiosité ou découverte... Il est un enfant heureux de vivre. Il peut être renfermé au premier contact, ne pas avoir envie de dire bonjour à un inconnu, ne pas avoir envie de s’ouvrir à un moment donné dans une situation donnée parce qu'il se sent mal à l'aise, fébrile, triste ou parce qu'il ressent une vive émotion de la part de la personne qu'il a en face de lui...

    Un enfant est un électron libre qui gravite dans un monde où il cherche sa place...

    Il n'a pas encore les capacités de comprendre les enjeux économiques, sociaux, politiques du noyau qu'est notre société, il gravite autour de celle-ci trouvant divers chemins à explorer et pourra un jour fusionner avec d'autres électrons afin de créer autre chose si l'adulte lui laisse le temps nécessaire à sa construction personnelle permettant cette interaction indispensable avec autrui sans lui en demander de plus en plus comme la société le fait avec nous...

    Il naît d'un atome pour un jour former une molécule grâce à son interaction dans le monde....

    Un enfant a besoin de s'exprimer via différents langages, il ne peut pas tout faire avec les paroles et les actes "acceptables" par notre société... bien évidement retourner sa chambre et tous ses jouets n'est pas "acceptable" au quotidien pour de multiples raisons.

    Mais il n'est pas nécessaire de blâmer ou punir ce comportement mais plutôt de l'accompagner dans une démarche de reconstruction qui permet de RENFORCER ENCORE  PLUS FORT les fondations de cette sécurité intérieure pour qu'une prochaine fois l'enfant puisse trouver lui-même ou en étant accompagné une autre possibilité de s'exprimer.

    L'enfant a le droit de dire que c'est difficile pour lui à un moment donné comme il a le droit aussi d'être écouté et accompagné en ce moment difficile cela ne veut pas dire qu'il n'a pas besoin d'un cadre et de limites bien au contraire elles lui permettent de savoir jusqu'où il peut aller ce qui va le rassurer, l'absence de limites angoisse... La chambre une fois rangée avec l'aide de maman est à nouveau toute belle, aucun jouet n'a été cassé car c'est une limite qu'il connaît et a déjà intégré plus petit... la vie reprend son court, Loulou a grandit un peu plus et maman a pu observer les limites de stress de Loulou... Une prochaine fois chacun s'adaptera à nouveau, sans qu'il y ait d'impression négative encore présente...

    L'important étant de toujours avoir envie de refaire les choses, de réessayer ENCORE car on n'y est pas ENCORE arrivé tout simplement...

    L'être humain est un être social d'une grande complexité et aussi unique et spécifique ce qui lui confère une grande valeur. Il ne peut vivre sans les autres mais doit aussi apprendre à vivre avec les autres tout en ne s'oubliant pas lui-même... la rencontre avec les autres est d'une grande richesse.

    En relisant le nouveau décret sur le socle commun je me dis que notre situation familiale qui pour certains imaginent qu'elle peut parfois être source de fragilités, de mauvaise influence, de sources d'angoisses vis à vis de situations trop difficiles à comprendre surtout pour nos propres enfants, je m'aperçois de jours en jours qu'elle est en fait une richesse inconditionnelle, elle reflète la vie et ses aléas, du moment qu'il y a une base de sécurité, un cadre et des explications bienveillantes, l'enfant apprend à en faire une force petit à petit même si comparé à d'autres enfants du même âge il sera plus sensibles à certaines choses de la vie et moins protégé dans une bulle... tout compte fait on est en plein dans les exigences de l'Education Nationale du socle commun:

    -  ouvrir à la connaissance, former le jugement et l'esprit critique...

    -  favoriser un développement de la personne en interaction avec le monde qui l'entoure

    - respecte les opinions et la liberté d'autrui, identifier et rejeter toute forme d'intimidation ou d'emprise

    - apprendre à mettre à distance préjugés et stéréotypes, l'enfant est capable d'apprécier les personnes qui sont différentes de lui et de vivre avec elles. Il est capable aussi de faire preuve d'empathie et de bienveillance.

    Tout un programme qui doit être réalisé aux 16 ans de Loulou selon l'Education Nationale... il nous reste donc 10 ans pour apprendre à gérer le stress et à méditer......

    Voilà un partage de notre quotidien qui tout compte fait rentre aussi dans les exigences scolaires... Notre instruction en famille, une école de la vie tout simplement.....

     

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    3 commentaires
  • Dès la naissance le bébé ressent des émotions qu'il va apprendre à découvrir, comprendre et gérer au cours de sa vie... La joie et la tristesse sont les premières émotions qu'il va découvrir. Se sentir bien, se sentir mal, heureux, malheureux..... Il sourit lorsqu'il voit maman et papa, pleure lorsqu'il ne les voit plus, s'éveille au monde qu'il découvre de jours en jours, pleure lorsqu'il ressent un besoin qui n'est pas comblé... Il observe le monde avec ses yeux puis tente de le découvrir avec ses doigts, sa bouche, ses pieds... vient alors la frustration, nouvelle émotion qu'il va devoir apprendre à gérer également la peur du bruit, de la nouveauté, le dégoût avec la diversification alimentaire ect... Plus le bébé grandit plus il découvre le monde et les émotions et plus le monde devient exigeant avec lui. Caprice, colère, comédie, des mots que l'on entend parfois très tôt, dès l'âge de trois mois...

    Pour le petit enfant les choses sont simples, les émotions sont intenses et brutes, pour lui tout est noir ou blanc il n'y a aucune nuance de gris... Tant qu'il est petit, très petit le monde qui l'entoure "accepte" facilement que cet enfant soit si intense mais très vite il faut qu'il s'adapte. Bien évidemment aux yeux d'un adulte les "petits maux" sont loin d'être aussi importants que pour l'enfant. S'en suivent des pleurs, des cris, une incompréhension des deux côtés, de l'énervement et un sentiment d'impuissance vis à vis de l'autre. Pourtant si l'on se met à la place d'un tout petit ce n'est pas si facile de vivre dans un monde d'adultes. Un monde où tout va très vite, où tout doit être organisé, programmé à l'avance... Etre trimbalé à droite à gauche sans savoir réellement pourquoi, sortir sous une pluie torrentielle ou encore dans un froid glacial, un vent sifflant, une chaleur écrasante... Voir la nuit arriver à 17h en hiver ou 21h en été, devoir dormir à l'heure des enfants, se lever à l'heure des parents.... Sans s'en rendre compte l'enfant subit énormément de notre vie d'adulte, une vie où chaque jour on attend un peu plus de lui sans vraiment lui laisser le temps de vivre... Les journées sont longues et intenses, l'enfant cumule les ressentis sans forcément pouvoir mettre une explication sur chacune des émotions vient alors le moment le plus fatiguant de la journée où chacun a rempli son sac d'émotion et demeure le moins disposé à prendre un peu de recul afin de dédramatiser la petite goutte d'eau qui va faire déborder le vase. Parfois avec le stress du quotidien le robinet fuit et de petites gouttes d'eau tombent souvent débordant à chaque fois du petit vase.....

    Dans ses moments là deux solutions demeurent alors possible: réparer le robinet d'eau en changeant le joint ou trouver un vase plus grand. Il n'est pas forcément possible de faire de grands changements de vie. La conjoncture économique, sociale, familiale nous inscrit dans un cercle vicieux dont il est parfois très difficile de pouvoir en sortir... Vient alors le moment de se poser la question de notre vase... Qu'est-ce qui est si important? Chacun d 'entre nous a ses propres limites mais chacun doit aussi apprendre à se remettre en question. L'arrivée d'un enfant chamboule beaucoup de choses dans un couple. Un couple qui auparavant ne répondait qu'à ses propres besoins doit alors s'occuper d'un enfant, faire passer ses intérêts avant les siens... Ce vase si rigide, si bien organisé qui doit à présent changer de forme au fur et à mesure que chacun se découvre. Ce vase qui n'aura plus jamais la même forme ni n'aura réellement de formes définies et ne ressemblera jamais à celui des autres familles que l'on peut rencontrer, que ce soit notre propre famille, celle de nos amis ou encore celle d'inconnu de notre société....

    La flexibilité de ce vase permet aussi de contenir toutes les émotions de la famille que ce soit les plus intenses ou les moins visibles aux yeux de la société... Le parent est là pour aider son enfant à construire son propre vase seulement doit-il être rigide dès le départ? Est-ce parce que nous parent avons eu un vase identique à celui d'autrui que nous devons façonner celui de notre enfant à l'identique aujourd’hui? Pourquoi avons-nous alors besoin de façonner le nôtre aujourd'hui? Changeons de joint...... 

    La différence fait peur, l'inconnu fait peur... et si nous apprenions à nos enfants à ne pas avoir peur? Et si nous apprenions avec nos enfants à accueillir nos émotions dans un vase qui nous ressemble?...

    A l'arrivée de Loulou nous avons du faire un choix: réparer le robinet ou adapter notre vase.... Notre Loulou était ce qu'on appelle un BABI. Même si je déteste mettre des étiquettes je tiens à celle-ci dans le sens où oui mon Loulou est un peu différent... IL EST INTENSE.... intense dans ses émotions, extrêmement exigent avec lui-même, avec ses capacités ect... Alors oui les émotions sont intenses et parfois difficiles à gérer que ce soit bébé à trois mois quand il voulait par force se mettre assis, à neuf mois lorsqu'il voulait par force se mettre debout seul du haut de ses 7 kg ou encore à 1 an lorsqu'il voulait déjà courir alors qu'il savait tout juste marcher seul.... Bien évidement plus l'enfant grandit plus il apprend à connaître et gérer ses émotions plus c'est facile mais il n'en reste pas moins que ces émotions existent et sont ressenties et qu'elles peuvent être de véritables crèves-cœur. 

    La communication non violente, la bienveillance permettent de prendre en compte tout cela et de monter à l'enfant que ce qui est important pour lui l'est aussi pour nous... mais parfois même si les mots sont importants ils ne suffisent pas à faire comprendre les choses que ce soit venant du parent ou de l'enfant. Les mots sont abstraits, ils traduisent un état d'émotions abstraites aussi et même adulte il est parfois difficile de comprendre nos propres émotions souvent cachées par la colère...

    Récemment nous avons eu l'occasion de rendre plus concret ses émotions en allant regarder au cinéma le film d'animation Vice-Versa.

    J'ai adoré ce film et mon Loulou aussi. Bien évidemment cela na rien de très Montessori car les émotions personnifiées sont à l'encontre de cette pédagogie qui prône le concret à cet âge. Néanmoins ce film nous a été d'une grande aide pour Loulou. Depuis  nous avons réalisé des personnages émotions avec lesquels il nous arrive de jouer ou de reprendre une situation. Loulou apprécie beaucoup et en plus c'est lui qui les a fait.

    Les émotions

    Les émotions

    Dans ce film il y a 5 émotions: colère (rouge), joie (jaune), dégoût (vert), tristesse (bleu) et peur (violet). J'en ai par la suite rajouté un (orange) que j'ai appelé "envahi".

     

    Voici quelques extraits du film pour découvrir les personnages. Loulou a beaucoup aimé également l'histoire du film avec les souvenirs, la mémoire à court terme, à long terme, les souvenirs qui s'effacent au fur et à mesure qu'on grandisse comme l'ami imaginaire de Riley ou encore les souvenirs qui se transforment et qui à la place d'être d'une seule couleur peuvent aussi devenir contenir plusieurs émotions en même temps... qu'il peut arriver dans un même souvenir d'avoir ressenti de la tristesse et de la joie...

    Extraits de Joie

    Extraits présentant Dégoût et Colère 

    Extrait de Tristesse et la mémoire à long terme

     

    Nous sommes alors partis des personnages de ce film et d'une histoire réelle arrivée à Loulou pour reprendre les émotions ressenties par Loulou...

    J'ai dessiné sur l'intérieur d'une feuille à plastifier par calque des dessins que j'avais réalisé. Je me suis inspirée du volcan qui passionne beaucoup Loulou et qui peut se montrer calme ou très agité.

    Les émotions

    Au fur et à mesure où je racontais l'histoire, je déposais les calques les uns sur les autres? Mon volcan tout heureux et tout ensoleillé s'est alors assombrit puis s'est retrouvé très agité....

    Les émotions

    Les émotions

    A chaque fois nous trouvions le personnage qui correspondait au moment de l'histoire... L'histoire fini par des cris, des pleurs, de la tristesse, de la colère, de l'incompréhension....

    Puis nous avons recommencé l'histoire à un autre moment dans une autre version, une version où intervient "envahi". Où lorsque notre petit volcan commence à perdre les rayons du soleil avec l'arrivée de petits nuages de plus en plus gris il se sent envahi... Envahi par quelque chose dont il n'a pas forcément conscience de suite et qui va finir par faire intervenir colère pour se protéger de cette nouvelle situation....

    Les émotions

    A présent lorsque Loulou se sent envahi il le dit et nous essayons de trouver une solution, un compromis qui permettent à tous de revenir à la joie.... Parfois il ne le voit pas alors je lui fais remarquer: "ça devient orange chez toi qu'est-ce que tu peux faire pour que ça soit jaune? As-tu besoin d'aide?" Parfois c'est chez maman que ça devient orange....  Alors je le dis aussi... je montre que moi aussi j'ai des limites, je me sens envahie par son comportement, nous essayons donc de trouver un compromis pour les deux.... Bref notre vase à chacun accueille nos gouttes d'eau et celles de l'autre, il se forme, se transforme, évolue, il n'est jamais pareil il vit! Il arrive parfois qu'un élément extérieur vienne perturber notre vase et le faire déborder par surprise sans que l'on s'aperçoivent qu'on est envahi c'est aussi l'apprentissage de la vie....

    Voici donc l'histoire que j'ai écrite, version 1 et version 2 avec "envahi". Vous pouvez imprimer les calques sur papier et décalquer sur feuille transparente (côté intérieur) ou sur des feuilles pour impression rétroprojecteur.

    Comme il y a beaucoup de pages pour l'histoire vous pouvez imprimer en mode "deux feuilles par page".

    Par la suite nous nous intéresserons de plus près à ces émotions et au degré de ces émotions....

    De nouveaux personnages vont donc venir agrémenter notre collection. J'ai choisi une autre forme de manipulation. J'ai peins à l'intérieur de petits verres en plastiques une couleur d'émotion et dessiné un rond. Par dessus Loulou devra poser le visage qu'il pense appartenir à la famille de cette émotion. Ensuite nous essayerons de les classer selon leur degré d'intensité en se posant la question de savoir si être contrarié est pareil que être en colère ou frustré ect....

    J'ai collé un second verre pour que notre personnage puisse être manipulé sans risque. Loulou pourra également lire le nom de l'émotion qui correspond au dessin du visage écrit à l'arrière du verre....

    J'ai écrit sur les verres avec du feutre CD. Nous rajouterons surement des émotions au fur et à mesure.....

    J'ai également ajouté deux autres familles de couleurs : les roses pour l'AMOUR et les marrons pour la TRANQUILITE....

    J'en ai profité pour peindre et vernir l'intérieur de grands verres pour le rangement de nos émotions....

    Les émotions

    Les émotions

    Les émotions

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    Les émotions

    Les émotions

    Les émotions

    Les émotions

    Les émotions

    En attendant d'approfondir dans les émotions Loulou se crée des histoires sur la table lumineuse avec le transport de ses souvenirs dans la mémoire....

    Les émotions

    Les émotions

     Voilà, on apprend à exprimer nos émotions au travers de couleurs et d'histoires réelles cela fonctionne très bien et petit à petit les émotions intenses sont mieux vécues.... 

    Ce travail d'émotions se fait sur toute une vie de diverses manières lors de diverses occasions.... notre vase d'émotions va donc évoluer avec nous tout au long de notre vie en espérant qu'il y aura beaucoup de joie, de bonheur et d'amour dans notre vie....

    Voici pour finir une petite chanson qui invite au bonheur que Loulou aime énormément depuis qu'elle est sortie et qu'il chante en boucle...

    On sera là - Florent Pagny

     

     

     

     

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